COUVENT DES CAPUCINS

Couvent des Capucins
(détail du plan de Barbier, XVIIe s.,
Archives nationales)

L'emplacement choisi pour l'implantation du couvent des Capucins est vraisemblablement celui où s'élevait auparavant l'ancienne maladrerie médiévale, sur laquelle on ne sait malheureusement que de peu de choses, et une chapelle dédiée à saint Marc, détruite sur les ordres de Sully. En 1621, Henri II de Condé, soucieux de prouver qu'il est désormais l'ennemi du parti calviniste, décide donc de fonder à la Chaume-Billeron un couvent de frères Capucins. 

Le 3 mars 1622, à l'issue d'une importante procession, une croix de bois bénie au couvent des Carmes est plantée sur le site. Un an plus tard, Henri II de Condé et son épouse posent la première pierre du couvent, dédié à saint Charles et sainte Geneviève.

Trois religieux s'installent aussitôt à Saint-Amand, afin de surveiller la construction. Mais le 3 février 1626, le père Thomas de Dijon est terrassé en pleine messe par une attaque d'apoplexie. Cette mort subite s'accompagne d'un événement insolite, longuement relaté dans le journal du couvent : « Le bruit courut qu'au moment où il venait de rendre le dernier soupir, il avait apparu à un de ses amis d'un couvent éloigné pour lui annoncer sa mort, conformément à une promesse réciproque qu'ils s'étaient faite l'un à l'autre. Comme l'ami demandait en quel état il était devant Dieu : "Ses jugements, répondit le Père Thomas, sont bien différents de ceux des hommes. Priez et faites prier Dieu pour moi". Puis il disparut ».

La consécration de l'église a lieu en 1627, en présence de l'archevêque de Bourges. De nombreux dons et offrandes permettent alors d'enrichir le couvent en objets liturgiques (calices, parements d'autel, chandeliers...). 

Rue Ney par temps de neige, par L. Delachaux (vers 1915)
(Musée Saint-Vic)

L'église et le couvent étant désormais assurés de tout le nécessaire, les pères Capucins peuvent alors se consacrer au ministère spirituel pour lequel ils avaient été requis, spécialement la conversion des nombreux protestants de la ville. Mais le 10 octobre 1651 commence le siège de Montrond qui, jusqu'au 15 août 1652, entraînera ruines et désolation aux alentours du château. Le couvent des Capucins, situé directement sous le feu des canons, n'y échappe d'ailleurs pas et subit d'importants dégâts.

La paix revenue, il faut reconstruire ou du moins réparer les dégâts causés par le siège. Et ce n'est qu'en 1660, soit plus de huit ans après la fin des combats, que l'office divin y est rétabli. Malgré les années difficiles, les dons et les aumônes permettent à la communauté de vivre, certes dans l'austérité, et d'entretenir leur maison et enclos, voire d'enrichir leur bibliothèque.

Au cours du XVIIIème siècle, le couvent des Capucins de Saint-Amand connaît un certain relâchement, phénomène d'ailleurs constaté dans d'autres maisons de l'ordre. En 1766, le nombre de Capucins présents à Saint-Amand s'élève à neuf, et ils ne sont plus que deux lorsque survient la Révolution et que le maire de la ville se présente au couvent, le 9 mars 1790, afin de dresser l'inventaire des biens de la communauté.

Eglise Saint-Roch et ancien couvent des Capucins
(gravure de Valentin Ponsetti, XXe s.)

Les derniers Capucins dispersés, les locaux abriteront momentanément des prisonniers de guerre, puis de 1793 à 1797, une partie de la fonderie de canons dirigée à l'origine par le scientifique et homme d'industrie Hassenfratz.

En 1800, l'Hôtel-Dieu, précédemment situé au centre ville et dans des bâtiments alors peu adaptés, est transféré dans l'ancien couvent des Capucins. L'hospice admet gratuitement tous les malades indigents de la cité et des communes voisines. En 1901, la municipalité décide de laïciser l'établissement et à partir de 1909, de nouveaux locaux sont aménagés. 

L'église des Capucins, dont le style brille par sa grande simplicité, est restaurée en 1867, et devient paroisse Saint-Roch en 1875.

Dans son Histoire et statistique monumentale du département du Cher, Buhot de Kersers donne une description relativement précise de l'ancien couvent des Capucins tel qu'il se présente à la fin du XIXème siècle :

« Les bâtiments sont groupés autour d'une tour carrée ; la chapelle, orientée à rebours, occupe le côté nord. Les cloîtres qui y étaient jadis appuyés, d'après un ancien plan, n'y existent plus. Les trois autres côtés sont occupés, au rez-de-chaussée et au premier étage, par des corridors à fenêtres vitrées, sur lesquels ouvrent toutes les pièces. Les escaliers en pierre, portés sur des voûtes, sont établis entre deux murs. La chapelle est couverte d'une voûte très basse en plâtre ; deux autels sont établis aux côtés du sanctuaire, deux oratoires aux côtés du chœur. Les fenêtres sont à cintre rond. Le retable fut refait en 1676 et comprenait de grandes colonnes torses allant jusqu'à la voûte, et on peut penser que le retable proprement dit, au-dessus de l'autel, en faisait partie. La façade de la chapelle, à l'est, a conservé une porte entre deux pilastres doriques portant un fronton entrecoupé, et deux tronçons de colonnes ; au-dessus est un oculus rond et, de chaque côté, une fenêtre. La décoration est enlevée. Il reste la devise : AB ARA AD ASTRA IHS ». 


&  Pour en savoir plus...

Ÿ BUHOT DE KERSERS (A.), Le canton de Saint-Amand - Histoire et statistique monumentale du département du Cher, éditions du Bastion, Paris, 1892, pp. 141-142.

Ÿ HUGONIOT (Jean-Yves), Saint-Amand-Montrond, mémoires d'une ville, éditions du Cercle Généalogique du Haut-Berry, Bourges, 1998, pp. 226-233.

Ÿ MALLARD (Victor), Histoire des deux villes de Saint-Amand, Bourges, 1894, pp. 161-166.

Ÿ VILLEPELET (Jean), « L'ancien couvent des Capucins de Saint-Amand », in Cahiers d'Archéologie et d'Histoire du Berry, n° 26, Bourges, 1971, pp. 8-42.


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